Depuis que quelqu’un a promis qu’il y aurait toujours un professeur face aux élèves, il faut assurer le SAV de cette promesse, c’est devenu une véritable obsession… au point que cela confine au ridicule.
La bêtise du Pacte avec ses astreintes et autres contraintes fortes n’est plus à démontrer, surtout lorsque l’on prend en compte qu’un système de remplacement existait déjà dans les établissements ; remplacement rémunéré en Heures Supplémentaires Effectives. D’ailleurs, pour les non signataires du Pacte, ce système perdurera. Développer l’existant, le rendre plus efficace en améliorant son attractivité et son affichage tout en comprenant pourquoi il avait du mal à se mettre en place surtout en lycée eût été plus porteur.
Ainsi, l’on se serait rendu compte qu’avec la réforme du lycée et la disparition des groupes-classes, consubstantielle avec l’explosion du nombre de barrettes, mettre en place le remplacement d’un professeur relève de la quadrature du cercle.
Mais au lieu de mener une telle réflexion, le Ministère a préféré faire de la communication. Et le Pacte n’était pas suffisant.
Il s’est donc agi de trouver d’autres gadgets ou de s’en prendre encore aux conditions de travail des professeurs.
Oui, il est possible de parler de gadget lorsque l’idée consiste à remplacer un cours par un contenu produit par le CNED durant une heure encadrée par un AED. Les contenus du CNED sont sans doute de qualité. Mais comme tout contenu, ils demandent une exploitation travaillée dans le cadre de la relation pédagogique qui unit un professeur et ses élèves. Là, il apparaît clairement que le Ministère veut juste faire de l’occupationnel. Le fait que ces heures seront encadrées par des AED a de quoi laisser pantois. En premier lieu, quiconque travaille dans un établissement scolaire sait que les équipes de Vie Scolaire sont déjà passablement occupées. Là, on va mobiliser un AED pour une classe ou un groupe quand une salle d’étude regroupe souvent plusieurs de ces groupes… un calcul rapide permet de comprendre que le Ministère ne réinvente pas l’étude obligatoire, il invente un bidule beaucoup moins utile.
D’ailleurs, mais ça, tout le monde l’a noté, la promesse que les élèves auront toujours un professeur en face d’eux est légèrement dévoyée ici… sauf à considérer qu’un professeur du CNED enregistré et diffusé sur un écran correspond à ce qui était annoncé.
Malheureusement, les dispositifs et gadgets n’étaient pas suffisant. Il fallait s’en prendre aux conditions de travail de ces enseignants si souvent absents (ce qui est faux). Donc, est apparu l’idée révolutionnaire que les formations devaient avoir lieu sur le temps de vacances.
Et cette idée a de quoi agacer le SNALC. En effet, beaucoup connaissent la note de la DEPP(1) – organe statistique du Ministère lui-même – dans laquelle il est clairement indiqué que les professeurs travaillent 43 heures par semaine. Mais peu citent la seconde partie de cette note, qui concerne les vacances scolaires. Or, elle montre que les enseignants travaillent durant la moitié de leurs vacances. Ils corrigent des copies, préparent ou peaufinent et adaptent leurs cours. Positionner les formations sur le temps de vacances va donc faire peser un énième poids sur une mule déjà fort chargée et souvent proche de la fourbure.
Pour le SNALC, il faut arrêter les promesses purement électoralistes et, surtout, il faut qu’elles cessent d’engager et de mettre en difficulté ceux qui savent par expérience qu’elles sont irréalistes.