Éléments de langage souvent moqués dans les médias, les injonctions paradoxales, ou contradictions institutionnelles, touchent bien trop souvent l’Éducation nationale, entraînant ainsi démotivation et souffrance des personnels.
Mais qu’est-ce donc qu’une injonction paradoxale ? Selon Gregory Bateson et Paul Watzlawick de l’école de Palo Alto, une injonction paradoxale est un ordre contenant une contradiction telle qu’il est impossible d’y répondre. Par exemple : Sois spontané(e) ; Il est interdit d’interdire ; Je veux que tu sois le chef. Paul Watzlawick, thérapeute, utilisait même ce procédé pour traiter des addictions. Gregory Bateson, quant à lui, avait suggéré qu’il menait, dans certaines conditions, à la schizophrénie – hypothèse aujourd’hui réfutée, mais qui peut en montrer le danger.
Paradoxalement, au sein de l’Éducation nationale, qui a l’obligation de prendre soin de ses personnels, la conduite des réformes à un rythme effréné expose chacun à de nombreuses injonctions paradoxales dont voici quelques exemples :
- Adaptez vos méthodes pédagogiques aux besoins individuels de chaque élève, mais assurez-vous que tous atteignent les mêmes objectifs standardisés.
- Investissez-vous pleinement dans votre travail pour le bien des élèves, formez-vous en dehors de votre temps de travail, mais veillez à ne pas compromettre votre équilibre vie professionnelle/vie personnelle.
- Aidez les élèves dès que le besoin s’en fait sentir, mais sans les rendre dépendants de cette aide.
Pour le SNALC, la pression créée est très dangereuse et les risques psychosociaux (RPS) générés, inacceptables, contribuant même à des situations de fatigue professionnelle, de perte de sens au travail et, dans les cas extrêmes, de burnout. Le SNALC constate par ailleurs que l’institution ne reconnaît pas pleinement ces risques et que les mécanismes de soutien, notamment psychologiques, sont nettement insuffisants.
Pour remédier à cette situation, le SNALC demande donc à l’institution que cessent ces injonctions paradoxales, exige une meilleure prise en compte des RPS qui y sont liés et leur intégration dans la gestion du changement. Pour cela, il faut revoir la formation des managers et des services RH, ainsi que les politiques de communication.