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GIPA : qu’avons-nous perdu avec sa suppression ?

La Garantie Individuelle du Pouvoir d’Achat (GIPA) a été instaurée en 2008 pour compenser la baisse du pouvoir d’achat des agents publics dont la rémunération évoluait moins vite que l’inflation suite à la désindexation du point d’indice. Il s’agissait d’une indemnité versée à un agent si l’évolution de son traitement brut est inférieure, sur quatre ans, à celle de l’indice des prix à la consommation hors tabac. Depuis lors, elle était reconduite chaque année par décret, rendue nécessaire par le gel quasi perpétuel du point d’indice depuis 2010. Or, malgré une forte hausse des prix sur la période du 31/12/2019 au 31/12/2023, estimée à 15 %, elle n’a pas été reconduite – ou plutôt, c’est pour cette raison qu’elle n’a pas été reconduite : en effet, la GIPA aurait dû être perçue par de nombreux agents, dont une bonne partie des professeurs agrégés, dont les rémunérations n’ont pas progressé à la hauteur de l’inflation sur cette période.

 

Pourquoi la GIPA ?

Entre 2000 et 2025, les prix ont augmenté de plus de 50%, le SMIC de plus de 90%, tandis que la valeur du point d’indice n’augmentait que de 16%.

Les gouvernements successifs ont justifié la désindexation de la valeur du point d’indice, puis son gel, par le « glissement vieillesse technicité », c’est-à-dire l’augmentation de la masse salariale induite par la progression automatique dans la grille indiciaire suite aux changements d’échelon. Les changements d’échelon ont dès lors eu pour fonction de compenser le gel du point d’indice en limitant – souvent insuffisamment – l’impact de l’inflation, au lieu de constituer de réelles augmentations, surtout pour les enseignants, qui doivent attendre jusqu’à quatre ans entre deux échelons.

Le graphique ci-dessous permet de constater que jusqu’au début des années 2000, la valeur du point d’indice suivait encore à peu près le cours de l’inflation, malgré l’abandon de l’indexation automatique en 1983. Le pouvoir d’achat se maintenait. Après cette date, les augmentations du point d’indice ont commencé à être bien inférieures à l’inflation, jusqu’au gel quasi continu de la valeur du point d’indice à partir de 2010. En plus de vingt ans, le constat est sans appel : la valeur du point d’indice a décroché de près de 39 points par rapport à l’inflation, ce qui signifie que l’inflation a progressé plus de 3,2 fois plus vite que le point d’indice.

La GIPA, instaurée en 2008, a permis de compenser en partie la perte de pouvoir d’achat, notamment pour les agents qui n’avaient pas changé d’échelon sur une période de quatre ans, tandis que pour les ceux qui ne la touchaient pas, c’est le changement d’échelon qui se substituait à l’augmentation de la valeur point d’indice, quasi abandonnée.

 

Ce qu’aurait donné la GIPA24

pour les enseignants titulaires… si elle avait existé

Entre 2019 et 2023, voici comment ont évolué les données prises en compte pour le calcul de l’indemnité de la GIPA :

  • Taux de l’inflation : 12,37 % ;
  • Valeur moyenne du point en 2019 : 56,2323 euros ;
  • Valeur moyenne du point en 2023 : 58,6369 euros.

Le point d’indice moyen pris en compte pour le calcul de la GIPA n’a donc augmenté que de 4,27% en quatre ans, face à une inflation hors tabac de 12,37%.

Ainsi, si la GIPA avait été reconduite en 2024, voici une estimation des sommes brutes qui auraient été versées à l’automne aux enseignants arrivés à la fin de leur grade qui en auraient bénéficié s’ils n’avaient pas changé d’échelon au cours des quatre années précédentes :

  • Certifiés, PE, CPE, PLP, Psy-EN au 11e échelon de la CN : GIPA24 estimée à 2810€ environ, 234€/mois
  • Certifiés, PE, CPE, PLP, Psy-EN au dernier échelon de la HC : GIPA24 estimée à 2725€ environ, 227€/mois (un 7e échelon a été ajouté à ce grade en 2023)
  • Certifiés, PE, CPE, PLP, Psy-EN au dernier échelon de la CE : GIPA24 estimée à 4425€ environ, 368€/mois 
  • Agrégés au 11e échelon de la CN : GIPA24 estimée à 3778€ environ, 315€/mois
  • Agrégés au dernier échelon de la HC : GIPA24 estimée à 4425€ environ, 368€/mois
  • Agrégés au dernier échelon de la CE : GIPA24 estimée à 4858€ environ, 400€/mois

 

La baisse continue du pouvoir d’achat du professeur agrégé malgré la GIPA : illustration

Prenons un professeur agrégé en fin de carrière qui a atteint l’indice sommital de la hors classe, le dernier chevron HEA3 du 4e échelon, le 1/09/2015, au bout de 27 ans de carrière, à l’âge de 51 ans. Huit ans plus tard, le 1/09/2023, il est parvenu à accéder au grade de la classe exceptionnelle et a été classé au 3e échelon, 2e chevron HEB2.

Au cours de ces huit années, il a bénéficié d’une hausse de 9 points d’indice et d’une revalorisation d’environ 6,3% de la valeur du point d’indice, pour une inflation estimée à 19,3% sur la même période. Il a par conséquent touché toutes les GIPA de 2020 à 2023.

Il a ensuite atteint l’indice sommital de la classe exceptionnelle, 3e chevron HEB3, le 1/09/2024

Le graphique ci-dessous permet de comparer l’évolution de son traitement indiciaire brut entre janvier 2016 et janvier 2025 dans deux situations :

  • La situation réelle.
  • Une situation hypothétique où il serait resté au dernier échelon de la hors classe sans accéder à la classe exceptionnelle, mais où son traitement indiciaire aurait été indexé sur l’inflation.

Malgré les augmentations indiciaires, le gain de deux chevrons dans la grille et l’indemnité de la GIPA perçue pendant quatre années consécutives, le traitement brut réel n’a donc pas atteint le niveau du traitement s’il était resté au même indice mais avait simplement été indexé sur l’inflation. 

Même s’il avait perçu la GIPA en 2024 si elle avait été maintenue, en l’occurrence plus de 2000€, le professeur aurait perdu du pouvoir d’achat.

Sur cette période de neuf années, il a donc subi une perte de pouvoir d’achat d’un peu plus de 4000€ malgré l’accès à la classe exceptionnelle avec deux changements d’échelon ou chevron, quatre hausses de la valeur du point d’indice, trois hausses de l’indice majoré, et la perception de quatre GIPA. La création de la classe exceptionnelle, supposée revaloriser la carrière, se révèle en fin de compte beaucoup moins avantageuse que n’aurait pu l’être un traitement indiciaire au dernier échelon de la hors classe indexé sur l’inflation.

Encore ce collègue a-t-il eu le privilège d’accéder à la classe exceptionnelle, réservée à une faible proportion des enseignants. On peut voir ci-dessous quelle serait la situation financière d’un professeur agrégé de même profil qui n’aurait pas eu cette chance.

 C’est un peu plus de 9000€ de perte de pouvoir d’achat sur une période de 9 ans, soit 1000€ par an en moyenne, qu’un professeur agrégé qui n’a pas accès à la classe exceptionnelle subit, et ce malgré quatre GIPA consécutives.

Reprenons la situation de notre professeur agrégé qui a atteint l’indice sommital de la classe exceptionnelle le 1/09/2023. S’il souhaite partir à la retraite à taux plein sans décote, il devra prolonger sa carrière jusqu’à ce qu’il ait validé 171 trimestres, ou jusqu’à 67 ans, âge d’annulation de la décote – ce qui revient à peu près au même étant donné l’âge où un professeur agrégé peut commencer sa carrière. Cela le conduit jusqu’en 2031.

Comme il ne pourra plus changer d’échelon, la seule perspective possible pour lui est une perte constante du pouvoir d’achat.   

La simulation ci-dessous fait l’hypothèse d’une inflation moyenne de 2% à partir de 2025.

Sur ses quinze dernières années de carrière, notre enseignant perdra en moyenne plus de 2000€ de pouvoir d’achat par an. 

Et qu’en est-il de celui qui n’accèdera jamais à la classe exceptionnelle avant de partir à la retraite ?

Cette fois, c’est environ 72000€ de perte de pouvoir d’achat, soit 4800€ par an ou 400€ par mois en moyenne, qu’un professeur agrégé qui n’a pas accès à la classe exceptionnelle subit sur une période de 15 ans.

Ces deux dernières simulations ne tiennent pas compte d’une hypothétique réinstauration de la GIPA, et ne font évidemment pas le pari que les futurs gouvernements se rendront compte de la nécessaire revalorisation des milieux et fins de carrière pour recruter des enseignants, ou encore de l’impasse que constitue le gel perpétuel du point d’indice pour l’avenir de la fonction publique.

 

Et la GIPA 2025 ?

Si la GIPA est réinstaurée en 2025 avec la même formule de calcul, le taux d’inflation qui devra être pris en compte entre 2021 et 2024 sera d’environ 14%. Parallèlement, le point d’indice a été revalorisé de 3,5% en juillet 2022 et de 1,5% en juillet 2023, et l’indice majoré de chaque échelon a augmenté de 5 points en janvier 2024, soit une augmentation du traitement brut comprise entre 0,46% et 1,34%. On voit donc que la différence est substantielle, et que, sans rupture avec la politique conduite depuis près de 25 ans, il est douteux que le gouvernement réintroduise à l’identique cette indemnité compensant au moins en partie la perte du pouvoir d’achat. Ainsi, Guillaume Kasbarian, le ministre de la fonction publique du gouvernement Barnier, avait d’ores et déjà annoncé la suspension de la GIPA pour deux ans au moins, donc sa non-reconduction en 2025 également. Son successeur, Laurent Marcangeli, évoque une possible reconduction en 2025 pour les catégories B et C uniquement, ce qui en exclurait donc tous les enseignants, toujours jugés privilégiés quand il est question de mesures financières, malgré tous les signaux au rouge et les études qui démontrent le contraire. C’est pourquoi le SNALC, lors de ses interventions dans les instances ministérielles, n’oublie pas de rappeler la nécessité de la GIPA, tout en faisant des demandes précises de revalorisation pour toutes les catégories de personnels, y compris les agrégés, tout particulièrement touchés par la baisse du pouvoir d’achat.

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