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La retraite progressive : nouveau miroir aux alouettes ?

Pour faire passer l’amère pilule de la réforme des retraites, on a fait miroiter aux fonctionnaires l’extension à toute la Fonction publique du principe de la retraite progressive, qui s’appliquait aux salariés du privé. Il consiste à aménager, en fin de carrière, une période pendant laquelle le salarié réduit son temps de travail et perçoit un traitement réduit (à hauteur de son temps de travail) et une fraction de sa pension de retraite. On pourrait donc considérer la retraite progressive comme un moyen pour nos collègues, qui ont vu leur fin de carrière s’éloigner irrémédiablement, et ce sans la revalorisation salariale nécessaire, d’alléger leurs dernières années d’enseignement et de quitter leur fonction en douceur. Car la réalité du terrain, c’est celle de trop nombreux collègues usés par le métier, finissant leur carrière « sur les genoux », avec des conditions de travail souvent très dégradées.

A ce jour, hélas, la prudence une fois encore s’impose.

Comme l’explique parfaitement notre collègue et spécialiste de la question Frédéric Eleuche, dans la Quinzaine universitaire de septembre, la retraite progressive ne ressemble pas à l’ancienne cessation progressive d’activité (CPA) supprimée en 2011 et dont avaient bénéficié les générations précédentes de professeurs.

En premier lieu, deux conditions préalables sont à prendre en compte : avoir au moins 150 trimestres de durée d’assurance, et avoir entre 62 ans et 64 ans. Faites vos comptes et prenez votre mal en patience !

Par ailleurs, si le temps passé en retraite progressive compte comme du temps plein de durée d’assurance (nombre de trimestres nécessaires pour acquérir le droit à la pension de retraite), pour la durée de service (qui permet le calcul du taux de pension), la période de retraite progressive compte au prorata de votre quotité de travail (entre 50 et 80%).

Ainsi deux ans de retraite progressive à 50% équivaudraient à deux ans de durée d’assurance (8 trimestres) mais à un an de durée de service (4 trimestres) : on comprend immédiatement quels seront les effets sur le calcul du taux de pension.

Reste la possibilité de sur-cotiser (comme pour un temps complet) mais sur-cotiser a un coût très élevé. Donc prudence, et toutes et tous à nos calculatrices pour vérifier ce qui restera de nos revenus puis de nos pensions avec ce système.

Enfin restent deux écueils non négligeables à la mise en œuvre de ce dispositif.

Le premier, c’est que l’employeur doit accepter votre demande de temps partiel soumis si celui-ci n’est pas de droit. Lorsqu’on voit le sort fait aux ruptures conventionnelles, tant vantées à leur mise en place, et les multiples refus auxquels se heurtent les collègues désireux de partir, cela laisse songeur. Quid de la retraire progressive ? « Droit réel ? » ou « droit de papier ? », pour reprendre les termes du ministre de la Fonction publique. On sait que l’Éducation nationale n’est pas toujours très bonne élève dans ce domaine, au nom de la « nécessité de service ».

Le deuxième écueil se situe à l’échelle des établissements, dans l’organisation des services : il faudra prendre en compte la retraite progressive et ses objectifs (se reposer pour être plus en forme devant ses élèves, être moins contraint et avoir du temps libre pour assurer sereinement tout le travail de préparation et de correction hors présence élèves).

Là encore, quand on observe certains emplois du temps de collègues à temps partiel, dispersés façon ‘cailloux du Petit Poucet’, sur toute la semaine et parfois sur de longues journées « à trous », cela peut laisser songeur. Devoir, le cas échéant, squatter du lundi 8h au vendredi 18h dans un établissement pour une rémunération réduite, n’est certainement pas une perspective réjouissante.

Prudence donc, car on peut craindre qu’une fois encore cette mesure présentée comme un progrès ne soit… qu’un miroir aux alouettes.

Véronique Moriset, Vice-présidente académique

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