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Vécu au travail : une note à lire entre les lignes

Le 16 juillet 2025, la DEPP a publié une note d’information sur le vécu au travail des personnels du second degré durant l’année 2023-2024. L’abstract indique que « la majorité des personnels du second degré se sentent respectés par les élèves et en sécurité dans les collèges et lycées où ils ont exercé durant l’année scolaire. Un sur deux estime que la violence y est absente ou marginale ».

Face à ces constats plutôt optimistes, le SNALC tient à vous faire part de son analyse plus nuancée de l’évolution des RPS (risques psychosociaux) durant ces dernières années. Pour cela nous nous appuierons sur la classification mise en évidence par le rapport Gollac, référence dans la fonction publique, qui décrit 6 types de risques.

Après analyse des données fournies par la DEPP (35 000 répondants à l’enquête) et comparaison avec les données de 2018-2019, voici nos observations :

1. Charge et intensité de travail :

Si le chiffre est en hausse (+10 pts), seulement 52 % des personnels (½) estime disposer d’un temps suffisant à la réalisation de leur travail. Ce risque est encore plus marqué chez les personnels de direction qui ne sont qu’1 sur 4 environ (28 %) à considérer disposer d’un temps suffisant.

Par ailleurs, de moins en moins de personnels s’estiment capables d’exercer le même métier jusqu’à leur retraite (- 6 pts) et ils pensent de plus en plus ne pas être assez nombreux (- 2 pts).

2. Autonomie et marges de manœuvre dans la situation de travail :

Le flou organisationnel semble s’accentuer : les personnels estiment de moins en moins disposer d’informations claires pour organiser leurs pratiques professionnelles (- 16pts). Ce manque de clarté a même parfois tendance à générer un stress croissant. Et même s’ils estiment encore majoritairement pouvoir organiser leur travail de la façon souhaitée (78 %), cet indicateur est en baisse (– 3pts).

De plus, le sentiment d’être soumis à des changements trop rapides augmente (+10 pts), ce qui nous semble corrélé à l’augmentation des injonctions contradictoires. Quant aux contraintes matérielles, elles se font de plus en plus sentir puisque le nombre de collègues qui pensent ne pas disposer de moyens suffisants augmente (+ 6pts) alors même qu’il semble de plus en plus difficile de développer ses compétences professionnelles (+ 3pts).

3. Exigences émotionnelles :

La prévalence de l’exposition à des marques d’arrogance ou de mépris reste élevée (42 %), tandis qu’environ un enseignant sur quatre fait face à la contestation ou au refus d’exercice de ses missions (27 %). Plus d’un sur deux (57 %) a subi au moins une atteinte, ce qui traduit une pression émotionnelle constante et soutenue, particulièrement forte en éducation prioritaire. Environ 2 sur 3 estiment avoir reçu un soutien satisfaisant dans les situations difficiles, comme en 2018.

4. Rapports sociaux et relations au travail :

L’indicateur « faire partie d’une équipe » chute fortement (- 14 pts), révélant un isolement professionnel croissant. On observe également une baisse du sentiment de ne pas être exploité (- 10 pts) et un recul de la solidarité dans l’établissement (- 4 pts). Les personnels ressentent une perte de soutien social et une plus grande distance avec la hiérarchie (- 3 pts), dégradant l’ambiance collective.

5. Conflits de valeurs :

Les personnels sont un peu moins nombreux à voir leur métier comme « utile aux autres » (- 3 pts) et à déclarer faire des choses qui leur plaisent (- 5 pts). Cette baisse indique une perte progressive de sens.

6. Insécurité de la situation de travail :

La majorité des personnels continue à se sentir en sécurité dans l’établissement (– 2 pts). Le niveau de violence ressenti reste stable (+ 2 pts). Toutefois, cette stabilité contraste avec une forte exposition aux incivilités du quotidien. Quant au sentiment de violences peu présentes, il ne concerne toujours qu’un personnel sur deux.

L’analyse approfondie de cette note d’information confirme donc ce que le SNALC constate au quotidien : une dégradation plurifactorielle de l’exposition aux RPS depuis 2019.

Le SNALC note un recul de la considération apportée aux collègues, une perte d’autonomie et un glissement éthique subtil. Seule la perception d’avoir du temps pour réaliser son travail progresse, probablement par rationalisation face aux profs bashing ambiant. Concernant la question des violences et de la sécurité, nul doute que la surexposition médiatique aux ultraviolences amène bon nombre de collègues à relativiser leur quotidien et à accepter aujourd’hui ce qui était encore inconcevable il y a quelques années.

Pour le SNALC, qui demande depuis longtemps une prise en compte des RPS auxquels sont soumis les collègues, cela n’est plus acceptable. Il est grand temps pour l’administration de prendre ses responsabilités en tirant la leçon de ses propres données.

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